Posté par Yann Essabe, le 8 mai 2022
Avec 12 points gagnés dans le classement 2022 de Reporters Sans Frontières (RSF), le Gabon vient de faire un bond qualitatif dans la lignée des pays où la liberté de la presse et l’État de droit sont des faits. Mais, s’il faut se réjouir de cette progression, la situation sociale du communicateur reste cependant préoccupante.
Par Yann Essabe
« Je ne suis pas venu bâillonner la presse ». Ces mots du nouveau président de la Haute Autorité de la Communication (HAC) Ngoyo Moussavou, énoncés lors de sa prise de fonction et réitérés à l’occasion de sa récente rencontre avec la Fédération des Organisations de la Presse Gabonaise et Associés (FOPGA), sont en parfaite symbiose avec la volonté du Président de la République, qui a toujours milité pour une presse libre. La liberté de la presse étant la pierre de touche du respect des droits de l’Homme et la garantie de toutes les libertés, elle encourage la transparence et la bonne gouvernance. On ne saurait donc parler de liberté de la presse sans son pendant : l’État de droit.
Aussi, reconnaitre des avancées dans le domaine de la liberté de la presse, c’est aussi, implicitement, donner un satisfecit aux efforts du chef de l’État Ali Bongo Ondimba dans son affermissement de l’État de droit au Gabon. Et les faits sont têtus. Chaque fin d’année, comme il le fait avec les autres institutions, il a instauré un rituel de rencontres avec la presse gabonaise (publique et privée). Les échanges se font sans filtre ni tabou. Une occasion propice pour les hommes et les femmes du secteur, de donner leurs sentiments sur l’état de la profession et les difficultés auxquelles ils font face.
Au-delà de cet échange annuel régulier, la presse bénéficie d’une subvention versée chaque année par l’État aux journaux qui font des parutions régulières. Sur le plan législatif, la loi sur la dépénalisation des délits de presse, protège désormais le journaliste de toute condamnation en lien avec sa profession. Toutes ces avancées impulsées par le Président de la République, lui valent aujourd’hui le classement de Reporters Sans Frontière (RSF), organisme international qui promeut et défend la liberté d’informer.
Dans l’article 189 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, le principe de la libre circulation de l’information trouve son fondement. En effet, en stipulant que « Tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions, et celui de chercher, de recevoir, de répandre, sans considération de frontières, les informations et les idées par quelques moyens d’expression que ce soit », l’article soutient explicitement, que l’une des conditions fondamentales de cette Liberté est la liberté de la presse. Et la garantie de son pluralisme. Au Gabon, la presse a toujours été au cœur des luttes pour sa mise en œuvre dans l’espace public et le discours politique. Notamment dès les années 1990. L’arrivée du vent de l’Est avec l’instauration du multipartisme et de la démocratie, s’est accompagnée de la création d’une multitude de titres. Face à cette effervescence, la question subsidiaire était en lien avec le rôle que devaient jouer les médias pour répandre une culture imprégnée des valeurs démocratiques
Bien plus, comment favoriser le droit à la liberté d’expression, d’information et de communication pour les citoyens, entre eux d’une part et entre eux et l’État d’autre part ? C’est Koffi Annan, ancien secrétaire général de l’ONU qui, à l’occasion de la journée mondiale de la presse, a le mieux résumé ces interactions en déclarant : « La liberté de la presse est un droit pour lequel il faut se battre, non une grâce à implorer… ». Mais c’est aussi un instrument d'échange d’idées entre les cultures, les ethnies et les partis politiques aux opinions différentes. Mieux, elle (la liberté de la presse) concourt au maintien d’un climat de paix et non de déstabilisation, comme ce fut le cas au Rwanda avec la radio « Mille collines ».
Dans ce pluralisme qui se réalise dans la libre circulation des idées par les mots, les images et les sons, la radio, la télévision, la presse écrite et en ligne sont devenues les principales courroies de transmission, les instruments pratiques et rapides de ces échanges entre les Gabonais. EIles sont une tribune à partir de laquelle dire son opinion est un droit, et par voie de conséquence, une obligation dans toute démocratie. Dans ces échanges aux contenus parfois divergents, le législateur, pour éviter les débordements possibles a mis en place une instance de régulation qui veille à cette pluralité, afin qu’elle se fasse sans heurts. Ce fut la raison d’être du CNC, ancêtre de la Haute Autorité de la Communication (HAC) aujourd’hui.
Malgré cette belle tenue des médias, les principaux acteurs, comme les cordonniers mal chaussés, sont laissés-pour-compte. Baisse des ventes, absence de publicité, revenus quasi inexistants, le tout amplifié par la double crise sanitaire et économique, ont maintenu le journaliste dans la clochardisation et développé des réflexes de survie, au détriment de l’éthique. Une amélioration de ces conditions, dans la mesure des possibilités de l'économie, serait bien entendu hautement souhaitable.
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15/12/2022 à 07:48
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